Saint-Malo en Bretagne
Pendant que les Bretons attaquaient le Mont Saint-Michel, les Normands attaquaient Saint-Malo. La guerre des territoires. Le rocher breton a une histoire royale. Saint-Malo de l’Isle est la continuité de la ville antique d’Alet qui s’est étalée sur ce bout de terre. Son nom vient du moine gallois Mac Low, évêque d’Alet. Les ducs de Bretagne et les rois de France se bagarrent son appartenance. En 1590, il devient une République. Il prend son envol économique avec les découvertes de l’Amérique et le commerce avec l’Inde.
C’est de là que Jacques Cartier a découvert le Canada. De 1534 a 1542 plus exactement. A cette époque, les personnalités et armateurs se font construire de belles demeures surnommées Malouinières par les Malouins. Celle de Jacques se situe entre Saint-Malo et Cancale, dans le quartier de Rotheneuf. C’est le manoir de Limoelou. Il meurt en 1557 dans sa maison d’une forte fièvre. Rio de Janeiro a également été découvert en 1711 par Duguay-Trouin.
Le tourisme balnéaire commence dès 1838. Mais durant la Seconde guerre Mondiale, les allemands le fortifient. En 1944, à sa libération, les Américains bombardent 80 % de la vieille ville en croyant qu’il s’y trouvait une importante garnison allemande. Ils ont dû presque tout reconstruire fidèlement à l’original au milieu des remparts intacts. Les activités à faire sont le fort national, les remparts de 2 kilomètres, une ou deux des 16 plages, le manoir de Jacques Cartier, la demeure corsaire de Saint-Malo. Cette dernière est un des seuls hôtels à ne pas avoir été détruit pendant les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Prénommée « Asfeld », il fut construit en 1723.
Après notre visite du Mont Saint-Michel, on arrive un dimanche vers 14 heures. Comme on l’avait prévu, ce sera la galère pour se garer. On a hâte de se retrouver à l’intérieur, loin de tous ces parkings horribles gâchant le décor. C’est au moins la 4ème fois qu’on y va. Une fois, c’était avec notre ami Vince rencontré lors de notre PVT à Montréal. Outre leur histoire commune, il avait envie de découvrir ce superbe lieu. Bien évidemment, on s’est retrouvé dans la maison du Québec. J’ai en stock une photo de Vince et N tenant leur drapeau respectif. Pour sa semaine à Nantes, on lui avait prévu un programme chargé : La Rochelle, Saint-Malo puis soirée à Rennes, la tournée des amis.
Saint-Malo, c’est à la fois l’air marin, la plage, le charme de la pierre et l’odeur des crêpes au beurre. Une infinie de crêperies. Rien ne fait trop touristique là-bas. On ressent bien l’ambiance locale. On se sent davantage en vacances que visiteurs comme au Mont Saint-Michel. En faisant ce texte, je découvre tout ce qu’il y a d’intéressant à faire. On peut témoigner du charme des ruelles, de la qualité de la restauration et de la beauté du chemin de la ronde. Les classiques.
Mais aussi de la plage de Bon Secours. Je l’ai découverte lors de ma dernière visite. On est descendu sur la plage. D’habitude, on reste à la surface. Le temps s’y prêtait, c’était l’été et il y avait un brin de soleil. N a revu la piscine d’eau de mer de son enfance. Il s’est approché et a touché l’eau, très touchant. Ensuite, on s’est isolé. On s’est aventuré sur les rochers recouverts par les moules, huitres et bigorneaux. On se demande si les moules sont vivantes ou mortes. C’était la plénitude totale.
De la route à faire pour rentrer à Nantes. On quitte nos rochers : le petit sur lequel on est assis et le plus gros. On passe devant le bar décalé que mon père nous avait conseillé. On y avait été une autre fois. En effet, complètement atypique. Déjà le nom « Le café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port ». Le défi est de s’en souvenir ou juste de se rappeler de l’emplacement du café au nom imprononçable. Son adresse : 3 rue Sainte Barbe. Les chaises du bar sont des balançoires, les toilettes un confessionnal et la décoration composée de la collection de poupées de l’étrange gérant.
Si j’avais su qu’on pouvait visiter la dernière maison de Jacques Cartier et plonger dans le Saint-Malo de l’époque au XVIème siècle, j’y serais allé avant la plage. Faut qu’on y retourne. Il faut aussi qu’on teste la grande plage du Sillon, la préférée d’un couple d’amis. Comme le mont Saint-Michel, Saint-Malo est un lieu historique planté dans la Manche. Un monde paisible sans voitures entre les pierres. Loin du béton.